"Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s'il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l'édification et communique une grâce à ceux qui l'entendent." Épître aux Éphésiens 4 v. 29
Paix Au moment où j’écris ces quelques mots, la télévision montre les massacres de la ville de Boutcha en Ukraine. Au delà de l’écœurement, voire de la colère je me demande comment recevoir le message de Pâques ? Comment le proclamer, le vivre et le partager ? Tout d’abord en se rappelant du tombeau vide. C’est le seul témoignage factuel, avec la pierre qui avait été roulée, que Marie-Madeleine ait rapporté de sa course au tombeau, selon l’Évangile de Jean. Restaient dans celui-ci, les bandelettes et le linge qui était sur la tête de Jésus. Il restait des choses humaines, traces des violences humaines, laissées là, sur terre. Comme si Jean cherchait à nous dire que, si la violence est terrestre et humaine, la vie est plus forte. La vie ne peut être enfermée dans des schémas de pensées, dans un lieu, voire dans la violence et la mort. C’est le peintre Chagall qui, en 1938, exprimait bien cela en dénonçant l’extermination des juifs d’Allemagne dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, dite nuit de cristal, avec son fameux “Christ blanc”, Christ en croix planté au milieu des pogroms de l’histoire : qu’avez vous fait, dit-il, du message de La Croix ? L’artiste rappelait alors aux Chrétiens que Dieu en Jésus-Christ était cet homme qui proclamait la paix. Ensuite nous pouvons nous rappeler sa Parole pour proclamer le message de Pâques, malgré tout. Parole du Christ que Jean rapporte (Ch 14 v.27) : “ Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ”. Recevoir la paix, c’est la réponse que nous pouvons donner pour traverser les violences humaines assassines. Il s’agit alors de dire à l’humanité que nous croyons à la vie plus forte que la mort; c’est là notre témoignage de chrétien. Oui, la paix vient en nous quand nous expérimentons la résurrection : j’ai traversé ma mort, et aujourd’hui je choisis la vie. Pasteur Pierre-Emmanuel Guibal
Le texte ci-dessous, modèle de miséricorde, a été écrit par un Juif déporté, et retrouvé dans les archives d'un camp de concentration.
Paix à tous les hommes de mauvaise volonté ! Que la vengeance cesse, tout appel au châtiment et à la rétribution... Les crimes ont dépassé toute mesure, tout entendement. Arrêtons là le déchaînement de la violence. Il y a déjà trop de victimes, trop de martyrs... Aussi, Seigneur, ne mesure pas leurs souffrances aux poids de ta Justice, et ne laisse pas ces souffrances à la charge des bourreaux pour leur extorquer, leur imposer, une terrible facture. Qu'ils soient payés en retour d'une autre manière. Inscris, Seigneur, en faveur des exécuteurs, des délateurs, des traîtres, et de tous les hommes de mauvaises volonté : le courage, la force spirituelle des autres, leur humilité, leur dignité, leur lutte intérieure constante et leur invincible espérance, le sourire qui étanchait les larmes, leur amour, leurs coeurs brisés, qui demeurèrent fermes et confiants face à la mort même, jusqu'aux moments de la plus extrême faiblesse... Que tout cela, ô Seigneur, soit déposé devant toi : pour le pardon des péchés, rançon pour le triomphe de la justice, que le Bien soit compté et non le mal ! Et que nous restions dans le souvenir de nos ennemis non comme leurs victimes, non comme un cauchemar, non comme des spectres attachés à leurs pas, mais comme des soutiens dans leur combat, pour enfin détruire la furie de leurs passions criminelles. Nous ne leur demandons rien de plus. Et quand tout cela sera fini, Seigneur, donne-nous de vivre, hommes parmi les hommes, et que la Paix revienne sur notre pauvre terre : Paix pour tous les hommes de bonne volonté et pour tous les autres...
Des patriarches à Jésus-Christ
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